dimanche 18 mai 2025

Prochain concert le samedi 12 juillet 2025 à 21h

 

Mélodie Michel à l'orgue de la cathédrale
Quand une œuvre contemporaine se confronte à la musique baroque ...

Mélodie Michel interprétera tout d'abord "Omoï" du compositeur Grégoire Rolland. Cette œuvre contemporaine (2011) sera suivie de grandes pièces choisies dans le répertoire baroque italien, français et allemand :

Michelangelo Rossi         Toccata settima
Jacques Boyvin                Suite du 3e ton : Prélude, Fugue, Dessus de Cornet séparé ou de petite tierce, Basse de Cromhorne
                                            Concert de Flûtes ou fond d'orgue, Grand Dialogue à 4 Chœurs
Nicolas De Grigny           Récit de Tierce en taille (extrait du Gloria du Livre d'Orgue)

Johann Sebastian Bach  Sonate en trio en do majeur BWV 529
                                         
Fantaisie en sol majeur BWV 572

Contrastes, mais aussi parfois similitudes apparaitront ainsi entre ces musiques que plus de trois siècles séparent.
Vous trouverez ci-après une biographie de l'artiste et un commentaire détaillé des oeuvres qui seront joués. 


Biographie

Mélodie Michel est entrée à l’unanimité dans la classe d’orgue d’Olivier Latry et de Thomas Ospital au CNSMDP en 2020, à l’âge de 16 ans. Mélodie est une jeune musicienne franco-américaine qui a été formée à l’orgue par Jean-Baptiste Robin au CRR de Versailles, où elle a également étudié le piano, le violon, l’alto, et l’écriture musicale.

En tant qu’organiste, Mélodie s’est déjà produite en concert dans plusieurs églises et abbayes dont la Cathédrale Notre-Dame de Paris, l’église Saint-Sulpice, la basilique Sainte-Clotilde, l’église Saint-Eustache, l’Abbatiale Saint-Robert de la Chaise-Dieu, la Chapelle Royale de Versailles, l’Abbaye de Royaumont, la Cathédrale de Nîmes, et l’église Notre-Dame-de-Lourdes à Saint-Pétersbourg, en Russie.

Mélodie a eu l’immense privilège de co-inaugurer l’orgue de Zaryadye Hall à Moscou lors d’un marathon de 24 heures, réunissant 24 organistes de renommée internationale. Elle a également participé au marathon de l’intégrale de l’œuvre pour orgue de Bach donnée à la Philharmonie de Paris. Elle se produit régulièrement en concert en Allemagne, notamment à Weimar, Stuttgart, Bayreuth, Mannheim, Bonn et Tübingen. En août 2022, elle s’est produite au Festival de la Chaise-Dieu où elle a joué avec le chœur Sequenza 9.3 sous la direction de Catherine Simonpietri.

Mélodie a remporté en octobre 2021 le Premier Prix du Concours André Marchal «L’Orgue des Jeunes ». Elle est également lauréate du 24ème concours Albert Schweitzer Organ Festival Hartford High School Division aux USA. En octobre 2024, Mélodie a remporté le Prix du Développement Artistique du Concours International d'Orgue du Canada.


Commentaires des oeuvres
 

Grégoire Rolland – Omoï

Grégoire Rolland est un compositeur et organiste français né en 1989. Sa formation musicale l'a conduit à obtenir des diplômes prestigieux, notamment un master d'écriture, un prix d'analyse, un master d'orgue et un prix d'orchestration au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il a également étudié la composition à la Haute École de Musique de Genève et la musique et musicologie à la Sorbonne.

 Grégoire Rolland - Artchipel

Son œuvre s'inspire principalement du chant grégorien, de la nature et des cultures asiatiques, en particulier chinoise et japonaise. Il développe une technique de composition qui associe la temporalité de l'écriture des idéogrammes asiatiques au déploiement de formes musicales correspondantes.

"Omoï" est une composition initialement écrite pour orgue seul en 2011, en hommage aux victimes du tsunami et de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le titre "Omoï" signifie "mémoire" ou "souvenir" en japonais.et l'œuvre est basée sur le chant traditionnel japonais "Furusato", qui évoque le souvenir du village natal et l'importance de ne pas oublier ses racines .

Rolland découpe et modifie la première phrase du chant en plusieurs motifs, utilisant principalement des intervalles de secondes et de tierces. Les harmonies ainsi crée diatoniques généralement consonantes, reflétant la suspension temporelle et la contemplation introspective liées au souvenir .

Initialement crée pour l'orgue, l'œuvre a été ensuite portée à l'orchestre avec orgue. Elle a été interprétée lors de concerts, notamment au sein de l'Auditorium-Orchestre national de Lyon .


Michelangelo Rossi – Toccata settima

Rossi (vers 1601 – 1656) est un compositeur, violoniste et organiste italien de la période baroque, reconnu notamment ses Toccate e Correnti d’intavolatura d’organo e cimbalo, publiées vers 1634. Ces pièces illustrent son style unique, mêlant virtuosité instrumentale et expressivité dramatique.

Parmi ses dix toccatas, la Toccata Settima (en ré mineur) se distingue par son audace harmonique et son expressivité. Elle compte deux sections, développée dans un style relativement simple, avec des harmonies qui peuvent surprendre nos oreilles plus habituées aux harmonies classiques (Mozart, Beethoven,...), comme un reste des harmonies médiévales. La seconde section est remarquable par l'introduction de nombreuses dissonances et pour son final d'une intensité chromatique saisissante, qui évoquent la liberté de Johann Froberger (organiste allemand de la même période).

Dans son ensemble, la Toccata Settima reflète également l'influence de Girolamo Frescobaldi (organiste de la basilique St Pierre de Rome à peu près à la même époque), avec une structure alternant toccatas et courantes, et une écriture riche en contrastes de textures et de climats .


Jacques Boyvin – Suite du 3eme ton

Jacques Boyvin (vers 1653–1706) est un compositeur et organiste français majeur de la fin du XVIIᵉ siècle. Né à Paris, il est nommé en 1674 organiste titulaire de la cathédrale Notre-Dame de Rouen, où il exerce jusqu’à sa mort. Boyvin laisse deux livres d’orgue (1689 et 1700), chacun comprenant huit suites dans les huit tons ecclésiastiques, totalisant 120 pièces liturgiques.

La Suite du 3ᵉ Ton, publiée en 1700 dans le Second Livre d’orgue, est écrite en la mineur, correspondant au troisième mode ecclésiastique. Cette suite se distingue par sa richesse expressive et sa diversité de textures, alternant pièces solistes et dialogues entre les registres de l’orgue. Elle est conçue pour exploiter pleinement les ressources de l’orgue français de l’époque, dont l'orgue de la cathédrale d'Uzès est un bel exemple.

  • Prélude : Introduction solennelle à deux claviers, utilisat les jeux de fonds et d’anches, caractéristique des grands jeux français
  • Fugue : ou l'on entend l'art de Boyvin dans l'écriture contrapuntique (écriture à plusieurs voix se mêlant ou se répondant)
  • Dessus de Cornet séparé ou de petite tierce : Pièce virtuose mettant en avant la voix supérieure (dessus) avec des ornementations rapides et des accords.
  • Basse de Cromhorne : belle pièce mettant en valeur le jeu d'orgue de « cromhorne », qui imite l'instrument du même nom.
  • Concert de Flûtes ou fond d'orgue : pièce douce et harmonique
  • Grand Dialogue à 4 Chœurs : pièce finale mettant en opposition deux groupes de registres ou de claviers, illustrant le dialogue entre différentes voix de l’orgue.

 

Nicolas de Grigny - Récit de tierce en taille

Nicolas de Grigny (1672–1703) est l’un des plus grands maîtres de l’orgue français baroque, bien qu’il soit mort jeune. Son unique Livre d’orgue, publié en 1699 à Reims, représente un sommet de l’écriture pour orgue en France, admiré jusqu’à Jean-Sébastien Bach, qui en copia l’intégralité de sa main. Ce recueil comprend cinq messes et hymnes pour orgue, écrites dans le cadre de la liturgie catholique.

Parmi les pièces les plus célèbres de ce recueil figure le « Récit de tierce en taille », qui s’inscrit dans la Messe pour l’orgue (tonus primus). Il s’agit d’un récit, c’est-à-dire une pièce soliste mettant en avant une voix mélodique - ici placée en taille (dans la partie de ténor) - accompagné par des jeux doux au positif.

Ce morceau est emblématique de l’élégance et du raffinement du style français : la voix soliste est ornée de nombreuses agréments, selon l’art du « bon goût », et avance dans une ligne mélismatique lente, pleine de gravité. L’accompagnement, souvent à deux ou trois voix, soutient discrètement la ligne principale, créant une texture sereine et méditative. L’effet d’ensemble évoque une prière intime, un moment suspendu dans la liturgie, à la fois austère et profondément expressif.

Ce récit est un modèle de la rhétorique musicale à la française : chaque note, chaque ornement semble porter un sens, une émotion, une intention spirituelle. Sa place dans la messe en fait un moment de recueillement, souvent joué à l’élévation ou à la communion.


Johann Sebastian Bach – Sonate en trio BWV 529

Les six sonates en trio pour orgue de JS.Bach sont des chefs-d'œuvre du répertoire baroque, composées probablement entre 1727 et 1730, durant son séjour à Leipzig. Contrairement à ce que leur nom pourrait laisser croire, ces œuvres ne sont pas destinées à trois musiciens, mais à un seul organiste, qui doit faire entendre simultanément trois voix indépendantes : deux lignes mélodiques confiées aux mains (claviers) et une ligne de basse continue jouée au pédalier.

La 5eme sonate (BWV 529) en ut majeur se distingue par son éclat lumineux et son écriture particulièrement claire et joyeuse. Elle est composée en trois parties :

Allegro : le premier mouvement, d'une grande vivacité, repose sur un thème entraînant et très rythmé. Les voix se répondent avec légèreté et précision. Le ton de ce mouvement est résolument joyeux, presque dansant, tout en affichant une grande rigueur formelle.

Lento : en contraste total, le deuxième mouvement explore une atmosphère contemplative. il met en valeur le chant expressif des voix supérieures, soutenues par une basse discrète et fluide. Le climat est plus intime, presque vocal, et démontre la sensibilité harmonique de Bach.

Allegro : le troisième mouvement reprend une énergie éclatante. C’est une fugue vive, construite sur un sujet enlevé qui circule entre les trois voix avec une aisance souveraine. L'équilibre entre rigueur contrapuntique et élan rythmique fait de ce final une page particulièrement jubilatoire


Johann Sebastian Bach – Fantaisie en sol majeur BWV 572

La Fantaisie en sol majeur, également connue sous le nom de "Pièce d’orgue", est une œuvre singulière dans le corpus pour orgue de Johann Sebastian Bach. Composée probablement à Weimar entre 1707 et 1712, elle témoigne d’une période d’expérimentation stylistique où Bach explore différentes formes, textures et influences européennes – notamment le style français.

Contrairement aux grandes toccatas ou préludes suivis de fugues, cette pièce est construite en un seul mouvement continu, mais articulé en trois sections contrastées :

Une introduction brillante, marquée par des traits rapides, des arpèges et des passages en accords brisés, cette première partie évoque l’écriture française de clavecin, pleine d’éclat et de virtuosité. Elle fait appel à la vélocité de l’organiste et à une registration claire et festive.

Une section centrale plus méditative où le discours se ralentit. La texture devient plus polyphonique, presque improvisée. C’est un moment de respiration, dans un style plus allemand, où la ligne mélodique et les harmonies prennent le dessus sur la virtuosité.

n final resplendissant qui conclut l’œuvre dans un grand déploiement d’accords majestueux, presque orchestraux, affirmant la tonalité de sol majeur avec une puissance jubilatoire. Cette conclusion, souvent décrite comme un "grand chœur instrumental", rappelle l’influence du plein jeu français et la grandeur de l’orgue baroque.

Cette fantaisie est un joyau d’invention et de panache, parfaite pour ouvrir ou clore un récital d’orgue. Elle révèle une autre facette de Bach : celle d’un musicien brillant, audacieux, déjà maître de son langage, mais encore « joueur » dans sa liberté de forme et de style.

 


samedi 5 avril 2025

Concert du 11 mai 2025

Liesbeth Schlumberger
interprète

le grand concert du 6 aout 1840 donné par Mendelssohn en l'honneur de JS.Bach

Après la mort de Bach, à une époque où l'orgue est tombé quelque peu en désuétude, c'est Mendelssohn qui a remis au goût du jour la pratique de cet instrument en écrivant de grandes oeuvres et en "restaurant" une véritable technique instrumentale (et notamment celle du pédalier). L'aspect pédagogique (fondamental chez les luthériens) est d'autant plus important lorsque l'on sait que le titre des Sonates op. 65 de Mendelssohn devait être initialement "Ecole d'orgue".


Mendelssohn s'installe fin août 1835 à Leipzig, la deuxième ville de Saxe, et y reste jusqu'à sa mort le 4 novembre 1847. Chef d'orchestre du Gewandhaus, nommé doctor honoris causa par la célèbre université de Leipzig (qui forma entre autres Leibniz, Goethe et Novalis), il est également le fondateur du conservatoire de Leipzig. Toutes ces activités, plus celles qui l'occupent aux alentours, l'amènent à écrire à Hiller en 1836 : « Tu ne peux te figurer de quelle somme de travail je suis accablé ». Une citation de Berlioz évoque bien la place « légendaire » de Mendelssohn dans cette ville : « à Leipzig, Bach est dieu, et Mendelssohn est son prophète ». À Leipzig, également dans les années 1840, Felix Mendelssohn se lie d'amitié avec le compositeur Robert Schumann qui voit en lui le « Mozart du XIXe siècle »

La résurrection de la Passion selon Saint Mathieu en mars 1829 par le jeune Felix illustre cette situation. Onze ans plus tard, le 6 août 1840, Mendelssohn donne un récital d'orgue à l'église Saint-Thomas ( Thomaskirche ) consacré à la musique de Bach, à l'occasion de l'inauguration de la statue de Bach sur la place devant cette église.

C'est ce concert de 1840 que Liesbeth Schlumberger nous propose de revivre.

Le programme du concert d'Uzès

Fugue en Mi bémol Majeur BWV 552/2

Cette œuvre imposante est en réalité une triple fugue, qui développe la symbolique trinitaire du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Les sujets de chaque fugue personnalisent les trois personnes divines. Le sujet de la première fugue est celui du Père : sujet grave, d'une imposante autorité, constitué de deux sauts de quarte ascendante successifs. La seconde fugue présente le thème du Fils, sujet à 4 voix, souple, ondoyant en croches paisibles, et la troisième celle du Saint-Esprit, sujet rapide « comme des battements d'ailes ? ». Dans la seconde et la troisième fugue, le thème du Père apparaît aussi imbriqué dans ceux du Fils et de l'Esprit, car « le Fils et le Saint-Esprit procèdent du Père ».

Cette musique est donc aussi très symbolique, ce qui est courant dans l'oeuvre d'orgue de Bach. Ainsi le thème du Père apparaît 27 fois. Or, 27 = 3 x 3 x 3 symbolisant la trinité et la prééminence du Père. 27 est aussi le nombre de pièces de la « messe luthérienne », etc, etc.

Fantaisie sur le Choral “Schmücke dich, o liebe Seele” BWV 654

« Pare-toi, o ma chère âme »...

C'est sans doute la pièce la plus émouvante et la plus célèbre du recueil de chorals de JS Bach dit « de Leipzig ». La mélodie est pleine de douceur, magnifiquement ornée, sur un rythme paisible. Le choral est constitué de périodes largement espacées. Chaque période débute par un « commentaire » avant de laisser apparaître le thème du choral proprement dit.

Ce choral impressionna fortement Schumann et … Mendelssohn qui l'entendirent joué en concert sur l'orgue de la Thomaskirche.

Prélude et Fugue en la mineur BWV 543

L'oeuvre définitive daterait des premières années de Bach à Leipzig - il s'agit de la version parachevée de pages écrites antérieurement. Le prélude, bien que relevant du style véhément de l'Allemagne du Nord (stylus phantasticus), est très construit et se déroule tel un discours persuasif. La fugue développe, elle, un thème très populaire dont le motif peut se retrouver chez Vivaldi, Corelli ou Pachebel.

Passacaille et fugue en do mineur BWV 582

Une passacaille est une danse ancienne. C'est aussi par extension une pièce de musique dans laquelle un thème court est répété de nombreuses fois à la basse, de manière obstinée (on parle d'  « ostinato »).

La passacaille de Bach est une pièce monumentale, colossale, unique dans l'oeuvre de Bach, et même dans toute la littérature d'orgue le précédant. Dans cette œuvre de 292 mesures, durant environ 12 minutes, le thème à la basse apparaît 33 fois – écriture symbolique toujours ...Chaque occurrence du thème étant l'occasion d'une variation toujours plus savante. La composition est un immense crecendo qui nous emporte dans un souffle épique, et qui aboutit à une conclusion triomphale.

Pastorale en fa majeur BWV 590

C'est un morceau très populaire, où l'on reconnaît l'influence italienne dans l'inspiration de Bach. Son titre était d'ailleurs « Pastorella pro organo » dans les copies anciennes.

Cette pastorale est composée de 4 parties indépendantes : la pastorale proprement dite, puis une allemande, une troisième partie évoquant un solo instrumental et enfin un charmant fugato. Des airs charmants, presque comme des chants de Noël ...

Toccata et Fugue en ré mineur BWV 565

On ne présente plus la très célèbre toccata en ré de Bach. C'est l'œuvre d'un jeune homme (Bach aurait eu une vingtaine d'années ?), exprimant un tempérament ardent et virtuose où l'on reconnaît l'influence des grands maîtres d'orgue de l'Allemagne du Nord (Buxtehude, …).

On peut imaginer que la toccata était destinée au dimanche de Pentecôte. Elle débute par trois phrases descendantes, qui zèbrent l'espace musical comme des éclairs et qui pourraient symboliser les langues de feu (l'Esprit Saint) descendant sur les Apôtres. Elle se poursuit avec des traits audacieux, parfois violents. Nul doute que, à l'époque, Bach a du sidérer son auditoire provincial !

La fugue, plus tempérée relève plutôt d'une écriture pour instruments à cordes. Elle se termine par un postlude puissant et majestueux.

Robert Alexander Schumann : fugue sur le nom de B.A.C.H. opus 60- n. 6

Loin des effusions sentimentales, les six fugues sur le nom de Bach renouent avec les Préludes et Fugues de … Mendelssohn (1837), avec une forme plus ancienne et ce qu'elle implique de plus scolastique à l'instar de L'art de la fugue de JS.Bach. La fugue n°6 est à double sujet. Une noble progression conduit vers l'épisode majestueux et « vertical » (de grands accords) qui la termine.


L'orgue d'Uzès et la musique de Bach

Mendelssohn connut, dès sa prime jeunesse, des orgues d'esthétique baroque. Ainsi, à Berlin, alors qu'il étudiait avec August Wilhelm Bach (pas de parenté directe avec JS Bach), il joua sur le superbe instrument de la Marienkirche, construit entre 1720 et 1721 par Joachim Wagner, facteur d'orgue que l'on surnommait à l'époque le « Silbermann de Brandeburg ». Plus tard, lorsqu'il vivait à Leipzig (ou qu'il y était de passage), le compositeur se rendait fréquemment à Rötha, où se trouvaient deux orgues magnifiques de Gottfried Silbermann, afin d'y interpréter, notamment, de la musique ancienne (Joachim Wagner participa d'ailleurs vraisemblablement à la construction de l'instrument de la Georgenkirche).

L'orgue de la cathedrale Saint-Theodorit d'Uzès, livré en 1683, soit 2 ans avant la naissance de JS.Bach, est particulièrement adapté pour interpréter son oeuvre, même si certains jeux de l'orgue baroque français peuvent parfois différer de ceux des orgues baroques allemands de la même époque.

Crédits :
Jean-baptiste Robin - Intégrale de l'oeuvre d'orgue de Mendelssohn (Triton 331130)
Gilles Cantagrel – La musique d'orgue (Fayard)

 

 

Originaire d'Afrique du Sud, Liesbeth Schlumberger est formée auprès de Stephan Zondagh à l'Université de Pretoria. En Europe, elle poursuit ses études d'orgue avec Marie Claire Alain et Jean Boyer, de clavecin avec Huguette Dreyfus et d'improvisation avec Jean Langlais. Elle approfondit sa recherche dans le domaine de l’interprétation à l'orgue avec Jean-Claude Zehnder, Harald Vogel, Jacques van Oortmerssen.

 Liesbeth Schlumberger remporte le National Music Prize de la South African Public Broadcasting Corporation (SABC) et  elle est lauréate du Concours international d'orgue de Bordeaux.

Depuis 1994, Liesbeth Schlumberger est l'organiste titulaire de l'orgue Mutin Cavaillé-Coll  de l'Église Protestante Unie de l'Étoile à Paris en France. Elle participe à l’organisation des concerts “Samedis Musicaux” pour l'Association des amis des grandes orgues de l'Étoile.

L’enseignement occupe une place importante dans sa vie.  En 1996,  elle est nommée  assistante de Jean Boyer au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon. Depuis 2004, elle poursuit ce travail en collaboration avec François Espinasse.

 En 2015, l'Odeion School of Music (OSM) de l'Université de l'État Libre à Bloemfontein, en Afrique du Sud, crée la chaire d'orgue-Liesbeth Schlumberger.

Liesbeth Schlumberger est concertiste et se produit en Europe, en Asie et en Afrique du Sud. Elle a donné la première exécution française de l'Africa Hymnus du compositeur sud-africain Stephan Grové sur l'orgue de la Cathédrale de Chartres. Un enregistrement sur CD à la Cathédrale de Saint Mary de Johannesburg a été publié par Priory Records dans leur série Popular Organ Music.

Liesbeth Schlumberger a réalisé des enregistrements pour la radio française, espagnole et sud-africaine. En octobre 2021 à l'auditorium de Radio France à Paris, Mme Schlumberger a interprété, en présence du compositeur, la première mondiale de l’œuvre qui lui est dédiée : Invention 4 de Gilbert Amy.

Elle est régulièrement  invitée comme membre du jury lors des concours d'interprétation d'orgue.